Addict ? « j’arrête quand je veux ? »
Blog / 12 septembre 2017
Alcool, cannabis, médicaments, jeux vidéo, jeux du hasard, pornographie, achats multiples… La liste serait encore bien longue à établir, mais cette thématique délicate reste néanmoins toujours au cœur de nos missions de service social en entreprise et de la prévention des risques de dépendances.
A partir de quand peut-on réellement s’interroger sur cette dépendance ? Est-ce qu’un membre de votre famille ou un ami vous a déjà interpellé sur cette consommation ou cette consommation vous a-t-elle déjà questionné pour vous-même, êtes-vous spectateur de conduites addictives à votre travail ?
D’après le National Institute of Drug Abuse, on parle d’addiction dès lors qu’une personne va rechercher à consommer de manière compulsive, l’usage de drogues malgré les connaissances qu’elle a de son usage toxique. On parle alors « d’affection cérébrale » chronique et récidivante.
La dépendance à une substance interfère à plusieurs niveaux :
- La perte de contrôle de soi (Craving, compulsivité…)
- Psychologique (Déprime, anxiété, stress…)
- Conséquences sur les activités professionnelles et sociales : isolement, conflits, conduites inadéquates…
- La recherche systématique de consommation du produit : des temps chronophages, anxieux, onéreux
J’accompagne Mr X depuis maintenant quelques années à faire face à sa situation de dépendance à l’alcool. Déterminé à rester abstinent, Mr X m’explique avoir tout perdu, un divorce douloureux, son travail, sa vie de famille, sa maison… Aujourd’hui après plusieurs cures de sevrages, un entourage compréhensif et l’accompagnement du service d’addictologie, il se remet en marche tout doucement. Je l’accompagne à concrétiser son projet de réinsertion sociale et professionnelle, à stabiliser son budget et à faire face aux « pièges » de la société…
« Mr, l’alcool est partout…au café du coin, chez des amis on me propose de l’alcool, aux soirées entre potes, aux repas de famille, dans les magasins… ».
Comme dans la chanson de Graeme Allwright « jolie bouteille, sacrée bouteille ».
Je l’aide à mettre en place des « stratégies » pour éviter la rechute et à faire face à l’œil « stigmatisant » que peut quelquefois renvoyer la société.
La première difficulté réside régulièrement dans l’acceptation de cette dépendance, la reconnaître et l’identifier.
Le « déni » est un mécanisme de défense, qui permet à l’individu, de se « préserver » face à une souffrance intériorisée et inconsciente.
L’acceptation de cette « maladie » exige d’être patient, à l’écoute et d’avoir une oreille « bienveillante », ce qui ne veut pas dire tout accepter.
Cette problématique nécessite un véritable accompagnement médico-psycho-social. Nous nous appuyons sur un réseau large de professionnels. Ce travail en pluridisciplinarité est primordial, car la prise en charge des addictions demande beaucoup de précaution tant sur le plan socio-psychologique, que physique*.
(*Attention tout projet de sevrage exige une consultation médicale, parlez-en à votre médecin traitant ou contactez un service d’addictologie)
Dans le cadre de notre accompagnement social, nous avons régulièrement été confrontés à ces situations de dépendance dont les origines sont plurielles et systémiques.
S’alerter quand on est observateur des premiers troubles est déjà un premier pas que nous pouvons faire ensemble pour bien faire…
Alors n’hésitez pas à venir vous confier auprès votre conseiller social.
Toute drogue modifie vos appuis. L’appui que vous preniez sur vos sens, l’appui que vos sens prenaient sur le monde, l’appui que vous preniez sur votre impression générale d’être – Henri Michaux Connaissance par les gouffres (1961)
Image : Francis Bacon http://francis-bacon.com/artworks/paintings/1970s
Billet rédigé en collaboration d’Alexandre Brodin. intervenant à MEM SI