L’aliénation parentale, mais qu’est-ce que c’est ?
Blog / 1 juin 2018
Sur le vif d’une situation d’une salariée qui nous inquiète de plus en plus, mère d’une jeune fille de 11 ans, tant parce qu’elle touche aussi un ami proche, qui n’a pas revu depuis plus d’un an, son fils quant à lui aussi âgé de 12 ans, en garde alternée depuis sa naissance.
Ainsi du jour au lendemain, la mère de l’enfant refuse à mon ami de présenter l’enfant à sa semaine. Son fils confirme derrière la porte : « je ne veux plus te voir ». Depuis absence totale de nouvelles. Interdiction de communiquer avec lui. Le mur !!
Pourtant, il a une relation de qualité avec son enfant construite au fil des années. Pour cet homme, une organisation de sa vie professionnelle est au point, bien réglée pour assurer au mieux cette garde alternée, malgré une carrière internationale en évolution permanente. Il emmène parfois son fils dans ses déplacements en Europe, des moments privilégiés d’aventures ensemble.
Et puis se résoudre d’aller demander conseil auprès d’une nouvelle avocate qui lui nomme la situation : « votre fils subit un SAP, un Syndrome d’Aliénation Parentale. »
C’est la première fois que mon ami entend ce terme, même s’il le vit depuis le début de la séparation avec la mère de son fils.
« Tu veux me quitter, tu ne reverras plus ton enfant »
Mon ami ne le nommait point. Il le vivait.
Un dénigrement perpétuel de la part de la mère son fils, de sa propre personne, de son travail, des prises de tête à n’en plus finir. Une mère possessive qui se pâme sur sa page Facebook de son amour incommensurable pour « son merveilleux fils, le plus beau au monde », à pâlir de tant exubérance, à penser qu’il peut s’agir d’un inceste psychologique, passé sous silence.
Une attitude qu’il observait silencieusement, qui s’imprégnait doucement et dont il ne mesurait pas l’ampleur. Puis le passage à l’acte fatidique. Plus d’enfant… une chambre vide. Ne plus savoir ce qu’il devient. Penser à se poster à l’école pour l’entrevoir quelques secondes.
Aller porter plainte pour non présentation d’enfant : fait et puis rien ne se passe.
Aucun soutien, aucun secours policier.
« Le sentiment est en effet celui d’être complètement abandonné par le système judiciaire qui ne veut pas trop se mouiller et s’en lave finalement les mains. Il faut être un combattant pour tenir le coup. »
Remettre encore une procédure, obliger de solliciter une enquête auprès du Juge.
Et puis enfin une possibilité ordonnée d’une entrevue dans un lieu neutre.
« Je devrais avoir une première entrevue d’une heure et demi, comme le pire des salopards mais c’est mieux que rien »
Pouvoir nommer cette situation est une première étape.
QU’EST-CE QUE L’ALIÉNATION PARENTALE ?
Du latin « alienatio », dérivé d’«alienara et d’alienus », étrangers, qui appartient à un autre.
L’aliénation parentale se distingue par la participation active de l’enfant, sous influence d’un parent, aliénant, en participant au dénigrement, à la disqualification, porté jusqu’au bannissement total du parent visé. Cela sans fondement valable, et qui a comme conséquence ultime la perte du lien entre l’enfant et ce parent visé.
L’aliénation parentale est admise par les experts comme étant un abus psychologique fait envers les enfants et qui a de graves répercussions psychologiques sur leur vie actuelle et future.
Vivre l’aliénation parentale, pour un parent victime, c’est ainsi vivre dans :
- L’impuissance, parce que souvent incomprise et non entendue. Elle ne relève d’aucune logique. Une multitude de questions qui tarabustent sans cesse le parent aliéné : « Mais qu’ai-je fait, pourquoi ? »
Elle s’habille souvent d’aspects imperceptibles répétitifs : « Je trouvais ma fille bien remontée contre moi, j’avais bien le sentiment qu’elle me prenait en grippe pour tout et rien »
- L’injustice, parce que les lois semblent peu adaptées à ces situations et/ou non appliquées. « Réponse au Commissariat : Mais que vous voulez-vous que l’on fasse ? »
- L’isolement, parce à cause de son contexte de dénigrement et de jugement social, le regard de son entourage « il a peut-être mal fait, ce n’est pas par hasard que l’autre parent protège son enfant, il n’y a pas de fumée sans feu ! », un lourd sentiment de culpabilité s’installe insidieusement.
Mais la réelle victime dans tout ça, c’est bien l’enfant, alors que lui, il ne demande que d’aimer ses deux parents.
MEM ‘OBS * données sociales : les séparations représentent 30, 7% de nos consultations. Nous rencontrons de plus en plus ces situations dans nos consultations sociales, des parents salariés en séparation abattus, dans la crainte, démunis en larmes. L’écoute est primordiale. Nommer l’aliénation parentale reste donc un premier pas et donne du sens pour l’action du parent visé.
COMMENT LA RECONNAITRE ?
L’aliénation parentale commence doucement puis s’intensifie
Voici une présentation québécoise riche à consulter : l’Arbre de décision -Trousse Aliénation Parentale de l’université de Laval
La nommer a l’effet des plus positif pour le parent victime. Il se voit investi d’une force à ne pas lâcher. En effet, l’avenir de leur enfant est danger. Les larmes se sèchent et le regard brille.
Sa résolution passe d’abord par cette prévention grâce à sa reconnaissance rapide en amont, à une écoute du parent concerné, à l’information qui doit diffuser lors de toute séparation, à la mobilisation de l’entourage, de parents amis et de tous ceux qui gravitent autour de ces enfants de la rupture, tout en attendant que les tribunaux et instances de Police puissent mieux s’outiller pour de telles situations.
SUR LE PLAN LEGAL :
Priver abusivement un enfant d’un de ses parents constitue une infraction pénale de maltraitance psychologique habituelle sur mineur, susceptible de recevoir une qualification criminelle dans les cas les plus graves (art.222-14 du code pénal).
C’est également une violation de la charte des Droits de l’homme et de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Le phénomène d’Aliénation Parentale a été reconnu par la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Le Brésil le considère comme un délit pénal. En France, la République est donc censée intervenir, à travers l’institution judiciaire, pour protéger le lien indissoluble et absolument prioritaire des enfants avec leurs deux parents.
Article 222-14 : Les violences habituelles sur un mineur de quinze ans ou sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur sont punies (…).
En France « Certains tribunaux, dans leurs décisions, commencent à faire référence au syndrome d’aliénation parentale. Pour autant, sur le plan juridique en France, ce phénomène ne bénéficie d’aucune reconnaissance législative permettant sa prévention et son traitement. Certains pays comme le Canada et le Brésil se sont engagés dans cette voie. » Question du SAP à l’Assemblée Nationale en date du 28 mai 2013
Alors peut-on aussi nommer d’enlèvement parental, de rapt d’enfant ? Mais que fait la police ?
Une réalité fréquente, est-elle déniée par l’État car les forces de l’ordre reçoivent les plaintes et puis RIEN. Les mois passent et les dégâts s’affirment et le parent aliénant peut ainsi croire en sa toute puissance.
Pourtant, il faut bien considérer qu’il y a enlèvement parental dès qu’un parent n’a plus accès à son ou ses enfants au-delà de deux à trois mois. Non ?
Quelles conséquences psychiques pour l’enfant, sont-elles définitives ?
L’aliénation parentale, c’est grandement le temps que l’on en parle ouvertement.
Pour en savoir plus et agir auprès de l’ACALPA
* MEM’OBS : notre futur observatoire social bientôt en ligne
image de Nicolas Comte